Crisis is coming : L’alliance du Coq et de l’Aigle bicéphale
AQUILA Eyes - Mars 2020 - Partie 2
Ce n’est pas habituel que je prenne la plume une deuxième fois dans un mois pour écrire une nouvelle analyse. L’emballement médiatique et le faible recours au bon sens qui me saute aux yeux m’amènent à vouloir fournir un complément à mon précédent article sur “la guerre des trônes” afin de parler plus concrètement des enjeux. Disons même que cet article vise à traiter en frontal certaines choses qui sont évoquées dans les remontées médiatiques, mais finalement pas assez bien traitées par les “journalistes” ou “conseillers” ou “experts”, à mon goût tout du moins.
Il m’importe que mon lectorat, que mes clients ou prospects, et mes partenaires, disposent cependant de clés de lecture complémentaires sur des éléments généraux afin que nous puissions travailler en bonne intelligence sur les éléments particuliers, donc voilà une suite à “Crisis is coming : la guerre des trônes”. Afin de rester constructif et aussi optimiste que possible, je maintiendrais ici quelques inspirations avec le célèbre univers de Georges R. R. Martin, mais uniquement pour amener à voir une réalité sous un autre angle, un angle très simple, un angle clanique qui justifie et permet d’apprécier réellement les rapports de force en vigueur.
Les “trônes” et les “Maisons mineures”
Commençons donc par identifier les trônes véritables qui jouent à cette partie d’échec, cette guerre d’influence, d’argent, de technologie et de santé publique.
Le Coq cité dans le titre n’est rien d’autre que la France, et plus spécifiquement la Maison France. C’est à dire Paris, l’Île-de-France et tout ce que l’Île-de-France estime comme pertinent pour garantir sa survie et sa puissance (i.e. OIV, Diplomatie, Renseignement, Armée et Police, Justice, Finance).
L’Aigle bicéphale, c’est l’Allemagne, et plus particulièrement Berlin, ainsi que tout ce que Berlin estime là aussi pertinent pour garantir son influence.
Ces deux trônes ont, semble-t-il, scellé une alliance particulière afin de disposer d’une rallonge financière de 750 Mds provenant de la Banque Centrale Européenne, c’est à dire l’entité administrant la valeur de la zone euros.
La France bénéficie d’un apport de cash flow de 300 Mds EUR, et l’Allemagne a aussi vu son plan initial de 522 Mds passé à 850 Mds EUR de soutien à son économie (822 - 550 = 272 Mds de cash flow). Soit 572 Mds de cash flow européen injecté dans les deux Maisons, sans doute au titre qu’ils forment le “trône européen” ?
Leurs rivaux ? L’Aigle américain, bien entendu, perdant de sa superbe et souffrant de ses propres contradictions s’isole en essayant malgré tout de conserver quelques “autorités”. L’Ours russe pèse également lourd dans la balance et l’influence, notamment au travers de ses organes de soft power instituant la méfiance et le chaos dans les esprits chagrins. Le Dragon chinois est, évidemment, le trône le plus intriguant et un allié efficace que l’Ours.
Comprenons bien que pour chacun de ces trônes, il y a une distinction forte entre ce que fait la Maison dominante, républicaine ou autoritaire, et ce que fait le reste du peuple sous son influence. Ceci exclut mécaniquement les Américains qui sont une forme de regroupement de lobbying combattant pour l’influence sur la Maison Blanche, d’où le fait que nous pouvons la considérer comme secondaire dans cette partie de notre analyse.
Tous ces trônes donc, disposent de leur propre “portefeuille” d’agents économiques œuvrant ou devant œuvrer directement à servir les besoins financiers et d’autorité sur le peuple.
Le recours à la Banque Centrale Européenne pour financer un plan massif de prise de contrôle direct ou indirect des agents économiques utile à Paris et Berlin amène inéluctablement la question du poids véritable des autres nations de la zone euros.
Cela conduit donc à considérer qu’il existe aussi des Maisons mineures dans ce “nouvel ordre mondial” en cours de structuration rapide (i.e. Nations dépendants de l’Euro, Grandes Entreprises totalement privée, membres de la Zone Euro plus riche servant de garantie, etc). Pendant plusieurs jours, le double discours a permis de concentrer l’attention sur des sujets de moindre importance, expliquant sobrement par “le bien de tous”, la bienveillance des actions entreprises. Mais plus ou moins vite le “Peuple français” commence à découvrir que les “aides financières” et les soutiens annoncés sont, finalement, ciblés et servent un plan précis. Cela porte un nom dans la tradition française : le colbertisme.
Les “Maisons mineures” ont d’autres règles à suivre, de fait, puisqu’elles sont subordonnées et finalement peu considérées par les “trônes”, sauf si elles peuvent servir leurs intérêts. Il est donc préalablement nécessaire de savoir s’éloigner des cercles d’influence négatif, cet obscurantisme partisan si présent et téléguidé par certains trônes ou certains prétendants à ces trônes. Et il est ensuite nécessaire de comprendre que le “capitalisme de projets” ou plutôt “l’économie de projets” est morte, tout comme le phénomène “Start-up idéalisé” au profit d’une économie de prédation. Une pratique différente, avec ses règles et son savoir-être que l’on peut associer à la connaissance humaine, certainement supérieure à ce savoir-faire que l’on peut associer à la connaissance technique. Cela sans toutefois oublier que la connaissance humaine tire aussi sa force d’une bonne maîtrise technique.
Les obscurantismes partisans
Que vous soyez acteurs d’un des Trônes ou membre d’une Maison mineure, voir même simple agent économique ayant son entreprise ou ses placements, sachez que tous sont exposés à l’influence partisane désastreuse en période de crise.
La fake news, la désinformation, l’intoxication et la stimulation de la défiance, voir haine, au sein de la société est une de clé majeure d’influence et domination. C’est une arme très puissante qui respecte le vieil adage : “diviser pour mieux régner”, ou bien “tout l’art de la guerre repose sur la duperie” pour citer Sun Tzu.
Par exemple, lorsque Agnès Buzyn évoque son inquiétude montante depuis des semaines suite à l’émergence du Covid-19 en Chine, à ses impacts sur la population, des mouvements politiques et leurs sympathisants, ou bien simples arrivistes, ont voulu exploiter l’inquiétude populaire pour créer de nouvelles dissensions internes. Ces pratiques visent à exploiter l’anxiété en jouant sur la déraison des problèmes sanitaires. Ces pratiques sont soutenues par des sources précises d’information, notamment des médias russes ou gravitant dans l’univers des médias russes, en France.
Enfin, les “trônes” eux-mêmes communiquent de façon décousue, tentant d’orienter l’opinion tout autant que la compréhension par les investisseurs du contexte rencontré. A cet effet, ils utilisent tout l’arsenal médiatique à leurs dispositions, que ce soit les agences nationales de presse, les médias privés et publics. Mais cette orientation, dès lors où l’intérêt du trône prime sur celui de la Maison mineure qui prime, lui-même, sur celui de l’entrepreneur ou investisseur privé, vise principalement à créer une certaine docilité forcée.
De fait, aujourd’hui, plus que jamais auparavant, le recours au renseignement économique, à l’esprit d’analyse et la déduction des intérêts privés ou des biais décisionnels intrinsèques à la nature humaine est requis. Savoir ce qui motive réellement l’interlocuteur, qu’il soit isolé ou agent d’un système, est le but ultime. L’obscurantisme est une incidence cohérente de l’infobésité, elle est aussi un instrument terriblement efficace de la guerre des trônes. En tant qu’investisseur et entrepreneurs, le point de départ est d’adopter une raisonnable suspicion vis-à-vis des sources et des éléments transmis. On appelle aussi cela le principe de prudence.
L’économie de prédation
L’autre élément clé à comprendre pour tout entrepreneur ou investisseur est que le modèle économique et le monde connu ont disparu.
La crise agit comme un révélateur, nous l’avions écrit et expliqué au cours des derniers mois. Comment est ce que nous l’avons identifié ? Simplement en étudiant les nouvelles pratiques venues d’Eurasie et en réalisant une étude comparée des modes de management et de gestion de l’Occident.
Si, post-Crise, ces propos semblaient théoriques, nous sommes surpris de l’écoute qu’ils obtiennent aujourd’hui et vous proposons de découvrir une étude pratique de ces mécanismes portés lors d’un Webinar organisé par DIGIMIND le 24/03/2020.
Alors n’y allons pas par quatre chemins : nous sommes entré dans une ère de prédation forte. Et tout ce qui fut appris dans les écoles supérieures de commerce, tous les modèles exploitant les doctrines inspirées de Carl von Clausewitz, sont balayée par les approches plus robustes et éprouvées dans la durée de Sun Tzu.
Le postulat du premier et sa faiblesse la plus visible est la confiance dans un système. Croire que le système existe, qu’il est rationnel, qu’il est cohérent est une erreur majeure de la pensée occidentale. L’approche de Clausewitz vise une démonstration glorieuse d’une puissance sans décompte des pertes. On agit pour la gloire.
L’approche prédatrice de Sun Tzu repose sur la ruse, la tactique et l’anticipation. Elle vise à l’anéantissement de l’adversaire en usant d’un minimum de ressources. L’adversaire est le “général” qui commande les hommes, ou des profils d’individus très ciblés, affaiblissant donc le “général”. On agit pour la puissance.
Concrètement, savoir tirer son épingle du jeu durant cette crise implique une capacité réelle à négocier en utilisant les bonnes informations, être capable d’orienter le management vers une approche efficiente exploitant massivement le digital. Finalement, le plus important dans l’économie de prédation, c’est le talent humain et l’intelligence humaine. Nous nous tenons à votre disposition pour déployer les interfaces contemporaines systématisées et outillées par AQUILA Advanced au sein de vos organisations particulières.