Leadership féminin : pourquoi je l’estime plus sain, en tant que “corsaire” ?
Vision d'aigle - Les Chroniques du corsaire
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Les femmes travaillent, les hommes triomphent ! C’est le titre du livre de Gill Whitty-Collins. Un titre quelque peu “brutal” diront certains, mais je pense que le concept est bon. Comme l’explique l'auteure, la gente masculine a intégré un principe que les femmes ont trop souvent du mal à considérer : il faut travailler, mais surtout il faut le faire savoir.
Cette anomalie culturelle repose sur la mise en scène. La fille ou la femme doit s’effacer derrière son homme ou ses collègues masculins.
Je comprends la frustration que peuvent ressentir bien des femmes dans cette situation, avoir la sensation d’être moins appréciée et d’être victime de la “méritocratie” alors que statistiquement, il n’y a pas de distinction entre les sexes, sur le plan de la productivité ou de la capacité à se former, s’instruire. Mais il y a cependant un poids culturel global, un choc, une anomalie humaine plus que géoculturelle.
Cette anomalie culturelle repose sur la mise en scène. La fille ou la femme doit s’effacer derrière son homme ou ses collègues masculins. Elle n’existe que pour être au service ! Belle foutaise que tout ça, mais notre monde n’est il pas fou ? Après tout, ce monde humain est capable de sortir des choses comme “on ne peut prendre des décisions sur la base de nos émotions, ça ne marcherait pas” ! Ce à quoi je réponds : “aujourd’hui, elles sont prises sur la base de la raison, vous trouvez qu’il fonctionne bien ?”
De la foutaise ! De la bêtise concentrée, dispensée depuis l’enfance par des professeurs, hommes et femmes, qui engendrent tout un conditionnement propre à la crétinisation. Car même si le propos et les décisions se veulent rationnelle, donc masculine, une donnée objective portée par McKinsey (excusez le du peu !) est qu’une parité masculin-féminin engendre quand même 21% de profits supplémentaires. Plus objectif et rationnel, je crois que l’on ne peut pas faire mieux. Pourtant, 7% des postes de direction sont occupés par des femmes. Donc 90% des dirigeants du monde sont masculins et le monde est dans l’état qu’on lui connaît. N’y a t il pas un peu de causalité là dedans ?
Ce qui se situe dans le cœur de la Lady et du Leader détermine tout ce qui advient dans une organisation économique et sociale.
A titre personnel, j’aime travailler avec les Ladies (terme que je trouve plus valorisant que “leader féminine") parce qu’elles ont un “mindset” propice au développement d’une activité durable et respectueuse de l’humain. En comparaison de la gente masculine, leurs méthodes et leurs préoccupations sont inclusives et non exclusives, elles pensent durabilité et donc communauté, plutôt que plaisir immédiat et égocentrisme. Les notions de jouissance immédiate et de satisfaction personnelle sont des choses que l’on retrouve plus souvent chez les mâles, les vrais mecs ! Ces gens qui roulent des mécaniques et ne cessent de dire et répéter à qui veut l’entendre qu’ils sont les meilleurs, les plus beaux, les plus efficaces. Les hommes savent parler d’eux-mêmes, les femmes qui savent aussi le faire en acceptant d’être elles-mêmes sont plus intéressantes. Parce que si la femme qui n’est pas une Lady va se révéler d’une banalité déprimante, à se définir par rapport à son homme ou aux conventions qui s’imposent à elle, les hommes sont aussi inintéressants dès lors où ils se pensent en terrain conquis et satisfaits de leur condition immédiate.
Il y a un rapport au narcissisme qui est bien différent entre l’homme et la femme. Le Leader doit transcender son statut de mâle existant en terrain conquis, et ça n’est pas simple pour lui. La Lady doit transcender les conventions sociales et pleinement accepter d’être ce qu’elle est au fond d’elle-même, ce qui n’est pas simple non plus. Pourtant, ce qui se situe dans le cœur de la Lady et du Leader détermine tout ce qui advient dans une organisation économique et sociale. Et du point de vue du “corsaire”, de ce “white hat” que je suis dans la guerre économique, cela se traduit très concrètement par le recours ou non à la diplomatie ou la violence, naïve ou maîtrisée. J’ai pu voir la différence entre celles qui sont conditionnées et celles qui sont plus affirmées, comme chez les hommes d’ailleurs.
Si je pense que le leadership global a à gagner de la vision d’une femme, plus que de celle d’un homme, c’est parce qu’elles ont le sens du collectif. Si elles n’avaient pas ce sens de l’humain, elles ne pourraient guider convenablement. Le leadership implique de guider, de considérer l’autre et de le faire aller vers ce qu’il y a de mieux et de plus talentueux en lui. Et cela implique aussi de vouloir protéger cet autre. Les hommes sont focalisés sur eux-mêmes, ils n'hésitent pas à instrumentaliser si nécessaire. Et j’ai vu des femmes développer leurs “pouvoirs” en devenant plus focalisées sur l’instrumentalisation que les hommes eux-mêmes ! Mais vouloir devenir l’égale de l’homme, n’est ce pas une bien piètre ambition ? N’est ce pas plus sain de vouloir le meilleur de chacun ?
Il est très difficile de “pirater” une organisation réalisée par une Lady car la force brutale est organisée dans le but de maintenir la vie de l’organisation.
D’un point de vue de guerre économique, cette pratique du leadership engendre la loyauté et la fidélité, non plus sur des données pseudo-objectives car nous avons vu que la “raison” ne domine pas le monde, mais bien sur ce qui fait notre espèce à savoir : l’intelligence affective. Ce phénomène biologique est présent chez un grand nombre de mammifères, mais il est aussi produit et valorisé par bien des courants spirituels : l’amour ! Le vivre ensemble et l’amour sont de puissants vecteurs de stabilité, quand le matérialisme et l’égoïsme, sinon la rivalité à l’intérieur des clans et organisations, ne peuvent engendrer que chaos et discorde. Il est très difficile de “pirater” une organisation réalisée par une Lady car la force brutale est organisée dans le but de maintenir la vie de l’organisation, et non d’être utilisée au détriment d’elle-même. Et j’apprécie d’autant plus cette constance car à titre personnel, cela m'amène à monter des opérations pour servir une communauté humaine.
Le temps est le principal levier de puissance dans le leadership féminin, un temps qui doit être utilisé pour construire et non pour “frimer”, d’où le fait que la plupart des femmes se focalisent sur le travail plutôt que d'assurer la promotion de leur travail. Pourtant, c’est l’organisation la plus performante sur le plan économique (comme le disait McKinsey) et c’est aussi celle qui inscrit les actions dans la durée. Donc le Leadership féminin et les indicateurs ESG (environnement, social et gouvernance) vont de pair ! Et la faille humaine que les pirates, les corsaires, les acteurs du monde du renseignement et des zones grises exploitent, devient d’un coup moins… facile d’accès ! Car oui, ce procédé tout simple fait que l’organisation est plus difficile à déstabiliser.
A condition cependant qu’une Lady n’essaie pas d’être un Leader, que les femmes ne cherchent pas à jouer aux hommes.