Renseignement économique de sources ouvertes, ma pratique !
Vision d'aigle - Les chroniques du corsaire
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Renseignement, espionnage, influence, manipulations, découverte des secrets et moyens de pression ! Entre James Bond et le Bureau des légendes, l’imaginaire est échauffé à l’évocation du mot “Renseignement”. Rangez vos Walther PPK en plastique, vos cocktails vodka martini et vos faciès inexpressifs. C’est moins “speed” dans le rythme, plus durable et plus puissant que ça.
Ce qui m’a intéressé lorsque je me suis plongé pleinement dans cet univers, c’était les méthodes ingénieuses, dures, efficaces
Il y a longtemps, on me parlait de l’intelligence économique comme de quelque chose de sulfureux, de mystérieux. Et les mystères, ça me plait bien ! J’aime me faire mon idée sur quelque chose et ne pas me laisser entraîner par la “vox populi” qui essaie de se travestir outrageusement en “sagesse populaire”. Alors j’ai cherché à comprendre. Puis je suis passé à la pratique, c’est l'Intelligence Economique. Et je me suis dis que c’était pas si mal !
Il existe concrètement deux écoles dans cet univers. Il existe l’école défensive, que l’on va retrouver en France, puis l’école offensive que l’on retrouve chez les Américains, les Russes, les Chinois, bien sûr , mais aussi chez les Marocains et bien d’autres nations plus modernes et qui sont méconnues. A noter qu’en France, il existe une école qui se prétend “offensive” : l’Ecole de Guerre Économique, portée par Christian Harbulot. A mon sens, même cette vision est encore bien “molle” par rapport aux réalités d’aujourd’hui.
Ce qui m’a intéressé lorsque je me suis plongé pleinement dans cet univers, c’était les méthodes ingénieuses, dures, efficaces. Architecte en génie logiciel, et créateur d'algorithmes permettant de profiler les individus, j’ai toujours vu le potentiel qu’offre la société digitalisée. Aujourd’hui, on peut déduire énormément d’informations sur n’importe qui ou n’importe quelle organisation, soit en collectant les données directement dans l’immensité du web, soit en apprenant à déduire ce qui est dissimulé. C’était ma spécialisation d’ailleurs, générer des systèmes "déductifs" qui confirmaient les hypothèses dans un second temps avec de plus en plus de performance.
Les humains sont la principale faille de tout système d’informations
La source ouverte est une bénédiction. Toutes les informations qui ne sont pas dissimulées soit par le conscient ou subconscient d’une personne, soit par un système de cybersécurité correctement déployé est une source ouverte. Et croyez-moi, on en trouve des choses en sources ouvertes ! Les outils ne manquent pas. J’ai arrêté de vouloir en créer car il y en a à foison sur le marché. Maintenant, quand je me penche sur un codage, c’est plutôt pour le raffinement des données. Car là est la clé : l’analyse.
L’analyse et sa restitution. Une information qui n’est pas compréhensible ne sert à rien. Ce n’est pas la fameuse maxime de l’intelligence économique française qui prime, à savoir “la bonne information, au bon moment, à la bonne personne”, c’est ce que cette information produit, l’important. On vise un objectif et on trouve le moyen de l’atteindre. Le renseignement de source ouverte ou OSINT (open source intelligence) implique plus qu’une veille que l’on redistribue, elle implique d’aller chercher et de rendre visible ce qui est opaque, c'est-à-dire de trouver les leviers et les moyens de pression. Les biais cognitifs. Ou comme on le dit dans le monde du “hack” : les points centraux de vulnérabilité !
Ils existent partout. Les humains sont la principale faille de tout système d’informations. N’en déplaisent aux idéologues de tout poil, c’est une réalité tangible : on vise toujours des personnes. On se penche continuellement sur une ou plusieurs cibles, sur leurs dépendances, leurs points faibles et leurs motivations. On apprend à interagir avec elles en exploitant toutes les informations de source ouverte qui nous sont données. Pour moi, ce que l’OSINT offre, c’est une vision matricielle complète.
Si on sait exploiter le renseignement habilement, on saura aussi le contre balancer habilement
Un peu comme un échiquier en plusieurs dimensions sur lequel plusieurs pièces (ex : informations, monnaies, sentiments) sont disposées et utilisables à volonté. Parmi ces pièces, on peut toucher les organigrammes, les données juridiques ou financières, les données informatisées ou même les esprits de nos interlocuteurs.
On peut le faire facilement car tout-un-chacun partage allègrement sa vie privée, ses données multiples, ses sentiments. Après tout, ne sommes-nous pas dans l’ère du “m’as tu vu” ?
“Ô suis moi sur Instagram, je fais de belles photos de chats !”, “T'as vu ma super sortie entre potes ?“, “Like cette citation que je publie, elle représente tellement ce que je ressens !”
Ce trouble narcissique de masse est le plus puissant vecteur d’alimentation de ces bases de données. Et même ceux qui tentent de se dissimuler finissent par être repérés à un moment ou un autre. Alors que faire ? La réponse vient des nations offensives : l’intox ! On trouble le jeu, on dissimule la vérité derrière le faux, on oriente l’environnement. C’est là un grand intérêt de l’OSINT quand on est stratège : si on sait l’exploiter habilement, on saura aussi le contre balancer habilement. Donc on saura quand diffuser quoi et pourquoi. En informatique, on appellerait ça un "honeypot" ou “pot de miel” en français.
Ma pratique du renseignement compétitif est la résultante de l’étude des opérations menées par les américains, les chinois et les russes, véritables “maîtres” en la matière
La plupart des experts en intelligence économique que j’ai pu approcher ont découvert l'existence de Signal Private messenger il y a seulement 2 ans ! Snowden le préconisait pourtant depuis 2014. Étrange retard dans le renseignement pour des experts du domaine ! Et le retard ou le fait de ne pas avoir bien compris à temps la situation, tout comme le fait d’être trop pressé d’agir sans préparer son coup à jouer sur l’échiquier, ce que l’on nomme un “opération”, c’est la faute la plus grave qui peut être faite dans le secteur. Ne pas comprendre dans les temps, ça crée une France malmenée par la NSA sur le plan économique, informations révélées par Julian Assange et WikiLeaks. C’est typiquement ce que j’ai toujours cherché à éviter dans ma pratique.
Ma pratique du renseignement compétitif est la résultante de l’étude continue des opérations menées par les américains, les chinois et les russes, qui sont de véritables “maîtres” en la matière. Si je ne suis au service d’aucune idéologie, j’ai pourtant une direction morale précise : dignité humaine, respect de la liberté de chacun, respect de l’environnement. Je pratique le renseignement économique de la manière la plus intransigeante, la plus rigoureuse et la plus minutieuse possible. Le travail de fourmis qu’il représente ne m’inquiète pas, je ne suis pas paresseux. Je préfère au contraire agir en construisant l’avenir, en ayant toujours dans mon cœur qu’il s’agit d’une modeste contribution à la vie d’une ou plusieurs personnes. A condition que je crois en la personne pour qui je vais travailler.